Stéphanie vient tout juste de changer d’emploi et vit présentement une très grande période de transition. Stéphanie a accepté que je publie sur mon blogue les communications qu’elle m’a fait parvenir pour me partager son processus de transition.
Une sortie de zone implique automatiquement une période très inconfortable qui peut parfois nous amener à douter de notre décision. Par expérience personnelle et à travers celles que des centaines de personnes m’ont partagées, je peux affirmer qu’il est toujours impératif de persister et de ne jamais abandonner car il y a TOUJOURS une nouvelle zone de confort qui nous attend pas très loin.
Il faut ABSOLUMENT être patient pour y accéder car une chose est certaine, une fois cette nouvelle zone de confort atteinte, j’ai rarement entendu des gens regretter leur décision initiale de changement malgré toutes les difficultés rencontrées en cours de route.
Courriel de Stéphanie daté du 9 nov 2014:
Bonjour Daniel,
Presque une année s’est écoulée depuis que j’ai lu ton livre. Oui, il m’a inspirée. Nos chemins sont un peu semblables comme je t’avais écris l’an passé sur ton blog. J’ai vécu des déménagements de villes avec ma petite famille à trois reprises. Des sorties de zone , j’en ai fait plusieurs. Mon parcours est assez sinueux. Mais autant j’ai subi des sorties dans le passé , cette fois-ci je l’ai provoquée, décidée. Avant j’ai plutôt suivi les vagues que la vie me mettait en sous les pieds. Bien sûr, je suis consciente que j’ai le mérite de les avoir surfées ces vagues au lieu de simplement les avoir longées. N’empêche, j’ai choisi de confronter la peur, l’inconnu en acceptant un nouveau défi. Par le fait même, je délaisse aujourd’hui un emploi que j’occupais depuis 5 ans. Et j’avais le goût de partager cela avec toi.
Donc demain commence pour moi une nouvelle aventure. Je change de rôle , je me réinvente. J’ai dit à mes collègues que j’avais soit du courage ou de la folie tout le tour de la tête ! Ils me répondent que j’ai les deux ! Hihi Par contre , les dernières semaines furent assez éprouvantes, pas très rigolottes.
Malgré que cela fait 3 ans que je songe comme plusieurs employés à quitter cette entreprise (nous avons connu un taux de roulement assez élevé) et que ces derniers mois furent gages d’une ambiance non plus malsaine mais plutôt toxique, j’ai dû tergiverser beaucoup avec moi-même, mes proches et mon entourage avant de signer avec la nouvelle entreprise. Démissionner d’un boulot d’acheteuse où j’ai de très bonnes relations personnelles et professionnelles avec mes collègues des différents départements tout comme avec mes fournisseurs est assez déchirant. De plus, je n’ai pas trop de pression, mon patron me laisse la corde dont j’ai besoin, je prends mes vacances quand je veux, je maîtrise et réussis assez bien mes tâches, je peux m’absenter pour des imprévus ou rendez-vous à l’improviste…
Mais depuis le début, mes valeurs profondes ne sont pas véhiculées dans cette compagnie. Que je ne nommerai pas pour l’instant car les propriétaires sont assez connus à Québec et je ne veux les compromettre . Et rien ne m’indiquait qu’il y aurait amélioriation à ce niveau, nous étions au contraire confrontés à une détérioration. Alors je décide un soir de août en revenant de vacances d’appliquer sur 5 postes dont un qui a vraiment fait vibrer un intérêt en moi, une curiosité et un espoir nouveau . Depuis février j’avais fait des démarches et même si j’ai eu quelques entrevues , rien n’avait débouché. J’avais ainsi encore tout mis ça de côté et je filais un petit bonheur tranquille. Mais là, c’en était assez et je souhaitais vraiment me sauver ! Et de fil en aiguille, on m’a offert ce travail de représentante aux ventes et de service à la clientèle pour un nouveau projet pour lequel je ne possèdes pas toute l’expérience ni le savoir-faire requis mais j’ai l’attitude gagnante qu’il faut!
Remarque Daniel que je résume très vite car je manque un peu de temps et je ne veux prendre ton attention par trop de détails dans ce premier jet.
Ce qui a été éprouvant est que trois jours après avoir remis ma démission, mon patron direct qui était alors à Paris, m’a rencontré et m’a demandé de réviser ma décision. Des changements drastiques allaient se produire prochainement et allaient mettre l’entreprise en ordre comme il se doit. Avec ces changements viendront sûrement ce que je cherche: coopération, harmonie, amélioration continue, respect, efficacité, concertation, rigueur, proaction. Il m’a donné la fin de semaine pour réféchir à nouveau. Que de tortures mentales et émotionnelles j’ai vécues! Après avoir pensé, écrit, dit les pour et les contre, cela revenait à une chose : être honnête avec moi-même et affronter mes désirs de changement, mes peurs d’échec et d’erreur, mon sentiment de culpabilité et infidélité et d’aller plutôt à la rencontre de mon goût du dépassement, mon besoin de découvrir un nouveau moi, de vibrer et d’être à nouveau convaincue et dévouée.
Il y a quelques années que j’entends cette voie intérieure me chuchoter que j’atteindrais for probablement mon plein potentiel en expérimentant plus de leadership, d’initiatives dans le domaine dans le vente. Pourtant j’ai aussi peur que ce soit de la foutaise. Mais ces gens avec qui je viens de m’affilier ont confiance en mes capacités et ma personnalité. Alors, j’ai quand même resté sur ma décision de démissionner. Mon patron m’a demandé au moins quatre fois , mais qu’est-ce que je peux faire pour te garder ? J’aurais pu me négocier tout un salaire et de nouveaux avantages..mais je lui ai dit que je préférais aller au bout de mon engagement et de ma décision. Que je devais aller vérifier. Oh là là! J’ai aussi été humble pour lui dire qu’il se peut que je fasse une erreur, mais c’est plus fort que moi, je dois mettre de côté ma peur et ma culpabilité et faire face à cet appel de me réinventer.
Les jours suivants ont été épuisants. J’ai mis les bouchées doubles et triples pour tenter de laisser mon poste-clé le plus à jour et droit possible puisque je le laisse dans le temps le plus occupé de l’année pour l’entreprise. À travers cette fatigue j’ai dû faire mon deuil de mon travail, de mon environnement, de mes collègues, de mes fournisseurs et combattre mes doutes, incertitudes, regrets. Je mets en péril la qualité de vie et le budget familial ! Je devais avoir trois jours de congé plus la fin de semaine avant de commencer mon nouvel endroit. Mais je n’étais pas satisfaite du travail accompli alors j’ai pris que deux jours …J’ai peur de m’être poussée à bout et ne pas avoir l’énergie pour faire face à cet imminent défi. Du même coup, j’espère qu’au contraire la nouveauté va me booster!
Tu sais Daniel, quand je t’ai lu en décembre passé, j’ai eu le souhait secret de pouvoir partager, enseigner, encourager les gens à suivre tes traces avec toi. Car le développement personnel est une véritable passion pour moi. De plus, une des qualités que tous se plaisent à me rappeler est ce don de si bien comprendre, écouter, conseiller les autres. En finissant ma lecture de Sorties de Zone, j’ai eu cet élan de te contacter pour te dire que je ne demanderais pas mieux que de joindre mon quotidien au tien en venant en aide aux gens qui hésitent à faire les changements qui les hantent, les appellent. Mais j’ai tu et étouffé ce désir en me disant mais pour qui te prends -tu !!
Attention , n’aies pas peur, je ne t’écris pas ce soir pour te convaincre de m’embarquer dans cette croisière. Ça me fait du bien de te le dévoiler du moins. Et je trouve que tu mérites de voir que tu as de l’influence sur la vie de tes lecteurs. Une phrase de ton livre m’a spécialement aidée: «Il ne faut pas essayer de deviner toutes les prochaines étapes…mais que la première. Les prévisions rationnelles doivent être mises de côté.» Mon instinct me dicte depuis les premiers entretiens avec les gens avec qui je travaillerai que nous aurons beaucoup à nous apporter mutuellement que je serai surprise de ce que je peux accomplir avec eux.
Et surtout que je dois, une fois pour toute, mettre en application tous les trucs, conseils, enseignements reçus des gens que j’ai entendus en conférences , lus dans les livres et vus en reportages. Un soir, alors que j’hésitais encore à aller de l’avant, j’ai pris conscience ce que contenait ma bibliothèque: ouvrages de Marjolaine Caron, Sylvie Petitpas, Marc Fisher, Danièle Henkel, Georges St-Pierre, Pierre Morency, Louis Grneau, John P Strelecky, Paulo Coehlo, Tony Hsieh, Oprah, Guy Bourgeois, Dr Wayne Dyer, Cora Tsouflidou, Christine Michaud, Dany Laferrière, Alain Williamson, Keith Cameroun Smith, Dr Serge Marquis, Guy Finley, Peggy McColl et celui que je lis en ce moment Sonia Reid.
J’ai compris qu »il était grand temps que je passe à l’action et applique moi-même tous ces principes. Et si cet emploi qui commence demain ne sera pas un match parfait et bien je me dois d’avoir foi qu’il m’amènera vers celui qui le sera. Mon premier pas doit être fait pour déployer mes ailes que je sens prises dans un étau depuis trop longtemps! Je dois respecter et assumer que je suis le genre de personnes qui ne peut se contenter du statu quo aussi difficile puisse être la transition…
Je te remercie d’avance d’avoir pris le temps de me lire Daniel. A travers toutes ces lectures que j’ai faites, ton ouvrage est celui que j’ai trouvé le plus concret. Qui m’a interpellé un brin plus que les autres. Pourquoi ? Je crois que c’est qu’il n’est pas prétentieux ni censuré. On ne s’y perd pas en méthodologie ou concepts mais on s’y trouve face à des faits accomplis. Et tu m’as alors inspire à faire pareil! Je te redonnes des nouvelles !
En toute honnêteté,
Stéphanie
Nouveau courriel daté du 13 décembre 2014:
Salut Daniel!
Ça fait maintenant 4 semaines que j’ai débuté mon nouvel emploi. Comme j’avais prédit, la transition ne fut pas facile. Je suis assez humble pour dire que les deux premières semaines furent très difficiles. Et oui, je m’étais tellement donnée au boulot que je quittais que j’ai débuté le nouveau avec une grande fatigue. Mis à part cela, je dois avouer que le changement en soi a été beaucoup plus épuisant que je l’avais imaginé. Pourquoi ce l’est autant? J’en suis venu à une drôle de conclusion: Je suis comme devenue une ado!
C’est une bizarre de corrélation mais c’est la comparaison que j’ai senti. Je me demandais pourquoi je me sentais si figée, si paniquée, si épuisée devant ces nouveautés…et j’ai compris que je devais devenir une adolescente! Eureka! Bien oui, c’est ce qui se passe, je vis une sorte de crise d’identité. Et avec raison! Alors je suis devenue plus indulgente avec moi-même et j’ai accepté un peu plus les effets que ma décision avaient sur moi, mon énergie et mon équilibre. J’accompagne moi-même mon garçon de 16 ans et ma fille de 14. J’ai donc deux bons exemples sous les yeux.
Oui, quand tu es assise du jour au lendemain à un nouveau bureau, sur une nouvelle chaise pas autant ergonomique que l’ancienne, que tu traites et assimiles de la matière complètement différente, que tu échanges avec des collègues très différents de ceux que tu connaissais, que ton patron n’est plus un homme mais une femme qui t’aborde d’une manière inconnue à qui tu dois faire tes preuves, tu deviens full ado; tu ne sais plus qui tu es, tu n’as plus de repères, tu perds confiance en tes moyens, ta bouche devient pâteuse, tu te renfermes sur toi-même, tu veux juste dormir, tu as le goût de fuir, tes sens sont engourdis, tu déparles et béguayes presque, tu as chaud, tu te trouves moche et incompétente, tu entends des mots que tu ne connais pas, que tu assimiles pas …..bref tu perds tes moyens parce que tu dois devenir quelqu’un que tu n’étais pas quelques temps auparavant!!!
Et tu te dis, mais quel mauvais tour la vie m’a joué là??? Ça allait ben mes affaires! J’étais bien et à mon aise dans mon ancien terrain de jeux! Je n’en veux pas finalement de cette nouvelle cour des grands même si ça avait l’air si intéressant, passionnant et gratifiant! J’étais aimée, appréciée, belle, bonne, fine quand j’étais considérée comme une enfant. Au secours! Venez me sauver quelqu’un, c’est un cauchemar que je vis ici moi là là.
J’ai peur, j’ai la trouille…mais ai-je le choix ? Ça ben l’air que non. Je ne peux pas rester enfant. La vie c’est ça. Donc je vais avancer en espérant qu’elle va m’équiper au fur et à mesure des outils et de la force que j’aurai besoin pour faire face et grandir dans ma nouvelle phase. Mais ce dont je suis convaincue par exemple c’est que pour être capable d’assimiler toutes ces nouveautés, je dois me reposer et me préserver tant que je le peux sinon je le sens, je n’y arriverai pas.
Sérieusement Daniel, j’ai été plus déstabilisée que je m’attendais face à mon nouveau défi. Je ne t’apprendrai rien d’ailleurs. Tu l’as vécu toi-même quelques fois. Toutes sortes de craintes et questionnements m’ont assaillies et m’assaillent encore. Sauf que ça va en diminuant. Je serais malhonnête d’affirmer que je suis 100% certaine avoir pris la bonne décision. Enfin pas de façon rationnelle. Mais je peux confirmer que je n’étais pas du tout en paix avec moi-même les premiers temps. Je commence à le devenir maintenant que je me sens plus confortable avec mes nouvelles fonctions et plus confiante en mes capacités. Comme les déménagements et les deuils, un changement d’emploi est classé un des événements les plus difficiles à vivre. Pour avoir vécu les autres, dans mon cas je dirais que ce dernier changement effectué l’est en quelque sorte plus parce que je dois assumer qu’il vient de moi. Je l’ai consciemment déclenché et je dois vivre avec.
Et c’est ce qui peut être tordu. Le secret de la réussite d’un changement réside dans sa propre aptitude d’acceptation et responsabilisation. On dit aux ados qu’ils doivent devenir responsables d’eux-mêmes. Mais cette responsabilisation ne se termine jamais. Et s’accentue même au fil du temps. Même une fois adulte (et conjoint et parent) nous devons selon la définition du mot «responsable» réfléchir et prendre en considération les conséquences de ses actes. Donc, aussi difficile et dérangeant qu’est mon nouvel emploi; malgré les craintes, doutes et peurs ressentis je suis confrontée à soit donner mon maximum en faisant confiance au chemin que la vie m’a préparée et à mon instinct qui m’a dicté d’agir ou soit à regretter mon choix en m’apitoyant avec tristesse et nostalgie. De là, soit je m’élève et fonce et découvre un nouveau moi ou soit je me mets en boule, rebrousse chemin et retourne à l’ancien moi.
Le pire est que j’ai vraiment le choix car mon ancien patron me reprendrait n’importe quand. Mais ce serait renoncer à mon évolution et aller contre ma nature ou la nature tout simplement. Comme la plante qui meurt à chaque automne. On a beau savoir qu’au printemps elle donnera la même fleur, on a hâte de voir comment plus garnie et colorée et haute elle sera! Je suis en mon for intérieur convaincue que cette nouvelle aventure fera de moi une personne plus épanouie, plus confiante, davantage prête à aller à la rencontre de mon plein potentiel même si elle sera brève, imparfaite et/ou différente de ce que j’avais imaginée.
Merci Daniel de me lire. J’espère que tu retires un certain plaisir de cette lecture malgré que tu en reçois des tonnes de semblables.
Stéphanie